Le mardi 21 mai 2024 à partir de 17h, les étudiants de Master en Géographie & Aménagement d’Aix Marseille Université, en Master d'Anthropologie et en 3ème année de licence de Sociologie encadrés par leurs enseignants, Claire Bénit-Gbaffou et Cesare Mattina, ont présenté leurs travaux sur le quartier des Chutes-Lavie, le site municipal Velten et le jardin pédagogique, sous forme de posters. Ces travaux ont été réalisé en dialogue avec le Paysan Urbain, les agents du site municipal Velten, les élus municipaux, les riverains et habitants du quartiers et les enseignants des écoles à proximité tout au long du second semestre de 2024.
Durant l'après midi du 21 mai 2024, le site municipal des Chutes Lavie, habituellement si calme, est l'objet d'une certain agitation : les étudiants s'échinent à installer les posters contre vents et minutes avant l'arrivée des agents, des élus, de quelques enseignants et riverains curieux venu pour la restitution de leurs travaux sur le quartier, le site municipal Velten et le jardin pédagogique du "paradis des graines". Après avoir été accueillis très chaleureusement par Béatrice Giannesini, directrice et animatrice au CMA des Chutes Lavie, tout le monde écoute Claire Bénit Gbaffou remercier toutes les personnes venue assister à la restitution des travaux conduit tout au long du semestre.
Le premier temps de l'exposition est consacrée au quartier des Chutes Lavie au sein duquel s'ancre le CMA Velten. Un premier travail d'étudiants en licence de Géographie s'emploie à presenter le contexte socio-démographique du quartier afin d'en comprendre non seulement l'évolution sociales mais aussi territoriale. En effet, les enclosures résidentielles s'y multiplient et de nombreuses résidences, autrefois ouvertes, se ferment nuisant autant à la circulation dans le quartier qu'aux possibilités d'accès aux espaces verts ou publics en coeur d'ilôt. Cette première étude se concentre notamment sur la cas spécifique du "Square Velten". En continuité, un second travail consacré à l'évolution de la cité-jardin des Chutes Lavie revient à son tour sur une dynamique de fermeture d'une cité résidentielle autrefois ouverte et populaire. Ces deux travaux reviennent notamment sur la gentification présuposée des espaces résidentiels comme cause de multiplications des enclosures : ils concluent surtout à l'importante diversité sociale et générationnelle des ensembles immobiliers et rapportent des paroles habitantes justifiant la fermeture choisie de leur espaces de vie par la pression du stationnement automobile accrue dans ce quartier de plus en plus dense. Enfin, trois étudiants en géographie questionnent à leur tour la possibilité d'une gentrification, cette fois ci commerciale, du quartier. Leur étude des dynamiques commerciales au sein des Chutes Lavie permet d'identifier, d'une part, une forte concentration des commerces de proximité sur l'Avenue principale du quartier et, d'autre part, un déclin des commerces situés hors des axes principaux du quartier. La dispartion des activités industrielles, artisanales et d'une partie des troquets populaires n'est que faiblement compensée par l'ouverture de nouveaux commerces spécialisés ou destinés aux nouveaux usages générationels et aux demandes, diffèrentes des classes populaires, d'une nouvelle population récemment implantée dans le quartier. Enfin, ce travail revient sur la réputation "tranquille" que le quartier conserve malgré les récents faits de criminalité : celle ci n'est que peu perçue par les commerçants qui soulignent bien davantage les incivilités imputées au public du terrain de foot du centre Municipal Velten, celles-là même ayant justifié sa disparition.
Le second temps de la restitution est consacré au site Velten lui-même. Un travail des étudiants en géographie et aménagement constate la richesse des infrastrucures proposée sur le site du même coup que leur faible utilisation respective. En dehors de quelques évènements exceptionnels, le site est surtout traversé par les riverains qui ne s'y attardent pas à défaut d'aménagements permettant de s'asseoir et encourageant ainsi le stationnement des parents et des personnes agées pendant les jeux d'enfants. Les échanges intergénérationels sont donc peu nombreux, d'autant plus que les adolescents ne s'approprient pas non plus le site. Une deuxième série de posters permet de rendre compte des visions des agents du site sur sa fréquentation et son aménagement. Deux étudiantes en anthropologie soulignent d'abord la très importante fragmentation du site composé de multiples équipements mais dont l'accès n'est pas toujours très clair et certains passages fermés. Le travail auprès des agents leur a permis de comprendre les multiples freins expliquant en partie la sous-utilsation des équipements, les horaires réduits du site et les difficultés auquelles ils se sont confrontés : l'impression d'être en sous effectif, d'être peu consultés par les élus et d'être tenus responsables par les riverains des possibles incivilités. Le poster évoque ainsi les raisons ayant conduit à la fermeture du terrain de foot synthétique et son remplacement par le jardin pédagogique du "Paradis des graines". Enfin, ce travail est complété par de beaux portraits soulignant l'attachement des agents au site Velten. Pour leur faire suite, les portraits de trois élus présente leurs visions respectives du site Velten et de leurs projets pour le redynamiser.
Le jardin pédagogique du "Paradis des graines", objet du dernier temps de la restitution, est justement l'une de ces initiatives, née de la volonté d'Odile Tagawa avec le soutien de l'équipe municipale. Sa création, son aménagement et son entretien a été délégué au Paysan Urbain dont le travail a fait l'objet d'une recherche de quatres étudiants en géographie. L'exposition détaillée des choix et des différents missions de l'équipe du Paysan Urbain souligne l'ensemble des tâches dont la gestion doit être anticipée et déléguée avant l'arrivée à terme du contrat en 2025. Les derniers travaux présentés se concentrent d'ailleurs sur trois groupes dont les usages et la proximité accroient la possibilité de leur déléguer une partie de la gestion : les enseignants et les parents des enfants se rendant au jardin pédagogique et les habitants des Chutes Lavie. Les enseignants s'approprient en effet le jardin de plus en plus, l'utilisant comme support pédagogique d'éducation à la nature ou comme cadre pour des pratiques de classes au dehors. Pour autant, les enseignants ne semblent pas en mesure de prendre à charge complète la gestion du jardin : dépourvus de formations spécifiques, leur présence au jardin nécessite autant un animateur auprès des élèves que d'un support logistique... un rôle que remplit actuellement le paysan urbain. Les travaux sur le rôle des parents interrogent justement la possibilité pour ces derniers d'être davantage impliqués dans l'animation et la gestion du jardin pédagogique. Ils démontrent que si les parents peuvent être une véritable ressource pour les enseignants et les agents au jardin, ils sont le plus souvent relégués au rôle d'accompagnant pour respecter les normes légales sans véritable valorisation de leur compétence ou de leur présence. L'ouverture du jardin aux parents et aux habitants du quartier permettrait pourtant l'appropriation par tous du jardin et du site Velten, tout en soulageant les agents et les enseignants de l'entière charge du jardin. Enfin, le poster "Habitants" montre l'une des difficultés les plus importantes pour permettre une ouverture du jardin : faire connaître celui-ci au plus grand nombre et adapter son aménagement aux classes d'âges les plus intéressées.
Après avoir attentivement suivi les présentations des étudiants, chacun a pu revenir lire en détail les panneaux de leurs choix et échanger ensemble sur les analyses des étudiants, imaginer des projets pour le jardin et discuter du quartier dans la douceur du début de soirée.
Compte-rendu de Mathilde Jourdam-Boutin. Toutes les photographies sont de Mathilde Jourdam-Boutin