Le travail mené sur le Jarret, en amont de tout projet de restauration de la rivière, a permis de mettre en oeuvre une démarche de diagnostic hydro-social tenant compte (1) des dimensions matérielles de la rivière et de ses abords pour qualifier sa diversité paysagère et qualifier son potentiel d’usages et (2) du rapport que les habitants et usagers entretiennent avec la rivière tant sur le plan résidentiel, pratique que représentationnel.
Alors que les travaux de restauration écologique s’appuient avant tout sur des expertises naturalistes et techniques, ce rapport propose de renseigner le lien des populations locales à leur cours d’eau. Cela permet de mettre en avant l'hétérogénéité de la connectivité hydro-sociale offerte par une rivière de petite dimension et la diversité de son potentiel. Ce type d’informations pourrait nourrir la définition des projets et permettre de les consolider. Si un tel diagnostic ne garantit pas d’éviter des oppositions ou blocages face à des projets de restauration comme l’EPAGE HUCA en a rencontré sur l’Huveaune à Marseille ou à Aubagne, cela peut constituer un moyen de mieux anticiper les enjeux sociaux liés à la rivière mais aussi de mieux intégrer les populations dans la construction des connaissances sur celle-ci.
Ce diagnostic mené dans un temps court a par ailleurs permis de révéler la complexité des relations nouées avec le Jarret. Cours d’eau de petite dimension, a priori oublié car en grande partie invisible, le Jarret fait l’objet de représentations et attentes multiples. Il peine certes à être envisagé comme un cours d’eau à part entière du fait de sa taille mais surtout de sa configuration (enterré, canalisée, bétonnée) et de son état (pollution, déchets, abandon) mais il est bien connu des riverains concernés par ses débordements (notamment regroupés au sein d’une association portant son nom) et il occupe une place dans le cadre de vie de nombreux riverains et usagers rencontrés. Le Jarret présente ainsi un potentiel, plus (partie amont) ou moins (partie aval) facile à valoriser.
Enfin cette étude souligne le poids des acteurs et du volet social dans la réappropriation des petites rivières urbaines et la nécessité d’accompagner les projets d’intervention physique sur le cours d’eau d’une prise en charge des relations que les populations entretiennent avec lui.
Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet tuteuré du master GAED mention Gestion de l’Eau et Développement Local (GEDELO) de l’Université Paris Nanterre entre septembre 2023 et février 2024. Ce projet a été financé par l’équipe Mosaïques de l’UMR LAVUE 7218 CNRS et coordonné par Marie-Anne Germaine et David Blanchon. Il s’est construit en relation avec l’Atelier Marseille 4-5 porté par Claire Bénit-Gbaffou.
image : Schéma des résultats de la caractérisation de la connectivité hydro-sociale dans les trois communes du Jarret, étudiants master GEDELO.