Une promenade autour de l'église des Chartreux - Atelier du 4/5 - Ville en Transitions

Depuis plusieurs années, les étudiants de l'Ecole Nationale du Paysage travaillent à réinventer l'espace public du 4ème arrondissement, dans le cadre d'une vision plus large pour la ville de demain qui devra s'adapter au changement global. En partant de l'existant, chaque étudiant s'est saisi d'un espace public, dont il a tenté, en suivant son imagination, de présenter les potentialités. En 2021, Pénélope Thoumine a proposé le réaménagement des liaisons entre l'avenue des Chartreux et le boulevard Sakakini pour fluidifier la circulation piétonne autour de l'église éponyme du quartier des Chartreux.

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Le diagnostic : un espace fracturé par la circulation automobile


Un monument imposant coupé de son parvis par la route

L'imposante église romane des Chartreux a donné son nom tant au quartier, à la station de métro qui le dessert qu'à l'avenue parallèle à l'ouest de la rue Pierre Roche. Cet axe qui relie l'avenue des Chartreux au boulevard Sakakini sépare cependant le monument de la place Edmond Audran, son parvis historique, d'un flux automobile intense. Les perspectives, sur la façade de l'église depuis la place ou sur l'esplanade depuis les marches du monument, sont brisées par cette circulation qui fracture l'espace public et nuit à l'appréciation de cette centralité historique du quartier.

En outre, la circulation de la rue Pierre Roche et du carrefour giratoire qui encercle l'église met en péril l'insouciance des déplacements piétons des élèves sortant du primaire et du collège. Plus largement c'est l'ensemble de la circulation piétonne qui devient complexe dès que l'on s'éloigne de la place. La fluidité des mobilités piétonnes du métro au tramway de l'avenue Montolivet, par exemple, est déterminée et perturbée par le stationnement et les circulations automobiles.

 Enfin, les alignements d'arbres, nombreux et diversifiés sur le quartier, sont incomplets. Leur développement est également contraint par l'espace bâti, l'imperméabilisation des sols et le coffrage des troncs par de la résine : les racines ne peuvent se développer restreignant la végétation à son seul rôle ornemental.

Une circulation automobile trop contraignante ?  


Le projet de réaménagement : Faire entendre le clocher des Chartreux depuis Montolivet

La première intention de Pénélope Thoumine est de rendre l'église à son socle. Le carrefour giratoire et la rue Pierre Roche sont piétonnisés et l'unité du revêtement en grès recompose une unité paysagère tout autour du bâtiment. Le projet vise ainsi à redonner à voir la qualité patrimoniale mais aussi sociale du site des Chartreux : occupé par de nouvelles terrasses et par le marché hebdomadaire du jeudi, le parvis est revalorisé comme cœur de sociabilités de quartier. Les circulations douces des usagers du métro, des flâneurs ou encore des familles et de leurs enfants sortant des écoles primaires et du collège sont apaisées et libérées encourageant les rencontres au sein du voisinage. Le monument est ainsi restitué à son site et remis au cœur de son quartier.

La seconde dimension du projet couple la facilitation des circulations piétonnes et l'intensification de la trame végétale. Le réaménagement d'une large promenade de mobilités douces le longe du boulevard Sakakini s'accompagne de la plantation d'espèces de la flore méditerranéenne tandis que le parachèvement des alignements d'arbres permet l'introduction de nouvelles essences. Le nettoyage de la résine artificielle autour des troncs et la plantation de nouveaux individus dans des fosses de plantation continue favorise le développement des espèces végétales et l'absorption des précipitations. 

L'originalité de cette proposition repose sur son ambition de restituer une qualité paysagère à l'ensemble du quartier (et pas seulement à la place des Chartreux) en revalorisant les usages mobiles, esthétiques, végétales et sociaux de l'espace public.


Un projet de Pénélope Thoumine, étudiante à L'ENSP, 2021. Toutes les illustrations sont l’œuvre de l'autrice.

Encadré par Etienne Ballan et Laure Thierré.

Edité par Mathilde Jourdam-Boutin, Atelier Marseille 4-5, 2023