
Ce diaporama illustre la conférence donnée par Francesca Ru le 12 septembre 2025 lors de l'Apérot-Débat ayant eu lieu à la librairie Manifesten.
Alors que les différents travaux, académiques, militants ou artistiques sur la rénovation de La Plaine ont largement mis en avant la lutte habitante et les craintes tant d’embourgeoisement que de disparition des usages populaires, Francesca Ru s'est, elle, concentrée sur le marché de la Plaine et ses principaux acteurs : les forains et foraines. En effet, le marché de la Plaine a bien faillit disparaître au cours de la rénovation - c'est du moins ce qui était initialement prévu par les aménageurs -, a été déplacé pendant les quatres années de travaux et a finalement fait l'objet d'une lutte lui permettant de revenir. Francesca rappelle que le marché, un des plus gros de Marseille, charrie des représentations fortes : celle d'un marché populaire et accessibles à toutes et tous, celle d'un marché historique de la ville comme du quartier et enfin celle d'un espace de convivialité et d'échange. Ce sont justement ces représentations qui ont initialement conduit les autorités à vouloir le fermer afin d'assurer la montée en gamme de la place ; et les mêmes qui ont amené les militant.e.s de l'Assemblée de la Plaine, luttant contre la transformation, a érigé le mazrché en symbole et objet de leur combat pour maintenir la dimension populaire de la Place. Les forains et foraines étaient, pour leur part attachés, à assurer la continuité de leur activité économique pendant et après les travaux. Les intérêts communs ont donc conduit à une certaine convergence des luttes entre forain.e.s habituellement en concurrence, ainsi qu'avec les habitant.e.s.
Sous les yeux amusés et les commentaires guillerets de certain.e.s des anciens militant.e.s de l'Assemblée de la Plaine, Francesca retrace rapidement le récit des grandes actions collectives conduites pour garantir le retour du marché sur la Place. Ensuite, elle expose autant les difficultés économiques des forains provoqué par leur déplacement sur plusieurs marchés, pendant la période des travaux, aggravé par le contexte pandémique de la période du Covid. Enfin, elle présente les perceptions partagées par les foraines et foraines de la rénovation de la place, les changements du quartier et l'évolution de leur activité.
Les forains et foraines ont une opinion mitigée concernant la rénovation de la place. Une bonne partie souligne des problématiques liées à l'aménagement, au nombre insuffisant de places de parking et à une accessibilité plus difficile - notamment en voiture. Ce qui ressort, c'est que la place n'a pas été pensée pour accueillir un si grand marché , elle semble donc ne pas être adaptée à l'activité foraine. Cependant, d'autres forains estiment que le cadre de vie s'est amélioré à la suite des travaux de rénovation. Ils la trouvent esthétiquement plus jolie et aérée, et mettent en lumières une meilleure gestion de la collecte des déchets ainsi qu'une pollution moindre. Surtout, ils se font l'écho d'une paradoxale paupérisation de leur clientèle et du marché alors même que la place, les débits de boissons qui la borde et le public qui la fréquente en dehors du marché attesterait de la revalorisation du quartier. Francesca achève donc sa présentation en émettant l'hypothèse que l'activité foraine puisse constituer un frein ou une forme de résistance à la gentrification.